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HISTOIRE GEOGRAPHIE à STV
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HISTOIRE GEOGRAPHIE à STV
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16 septembre 2008

L'Allemagne au coeur de la Guerre Froide

L’Allemagne au cœur de l’affrontement des grandes puissances (1945-1990)


Le minimum que l'on vous demande est de vous interroger sur la place du cas allemand dans cet affrontement : pourquoi peut-on dire que l'Allemagne a été un des lieux symboles de l'affrontement entre les deux puissances ? Cette problématique est simple mais peut rapidement se transformer en simple énumération des différents événements liés à l'Alle­magne. Or, il est important de préciser que le terme d'Allemagne pendant cette période est impropre : il y a deux Allemagnes. À la lecture de ces dif­férents événements, on peut voir que leurs relations sont plus ou moins con­flictuelles, plus ou moins pacifiées, à l'image des relations entre les deux grandes puissances.

- Une problématique un peu plus démonstrative serait donc : « Dans quelle mesure l'histoire de l'Allemagne, des deux Allemagnes, durant cette période est-elle le reflet des relations entre les deux grandes puissances ? »

Personages à citer absolument : Staline, Khrouchtchev, Kennedy, Willy Brandt, Gorbatchev.

 Événements à évoquer absolument : blocus de Berlin (1re crise), création RFA et RDA, construction du Mur (2e crise), chute du Mur et réunification.

Notions à développer : description des deux modèles idéologiques, bloc, coexistence pacifique, détente, Ostpolitik.

Vous devez faire un plan chronologique et bien réfléchir à vos dates char­nières qui marquent le passage d'une partie à l'autre

Le premier temps fort est le partage officiel de l'Allemagne en deux avec la création de la RFA et de la RDA en 1949. Un deuxième temps fort est la détente au début des années 1970, après des années très dures, dans les relations entre RFA et RDA. [rappel : le plan ne doit pas figurer sur la copie, il est annonce en introduction. A vous de guider le correcteur avec les phrases d’entame et les transitions].

Comme l'intitulé du sujet est volontairement imprécis, vous devez bien expli­quer de quelles puissances et de quel affrontement il s'agit dans votre intro­duction. Vous devez justifier les bornes chronologiques choisies en insistant sur la spécificité du cas allemand, qui est dès le départ scindé entre les deux blocs avant même qu'ils ne soient réellement constitués. Vous devez montrer également l'exemplarité du cas allemand pendant la guerre froide (et donc l'intérêt du sujet) : elle est au cœur des relations entre les deux Grands tout au long de la guerre froide à la différence d'autres lieux, théâtres plus ponc­tuels de l'affrontement idéologique. Terminez par votre problématique et l'annonce de votre plan.

[Introduction]

Dès la conférence de Téhéran en 1943, le futur sort de l'Allemagne est étudié par les Alliés convaincus de remporter la guerre après l'arrêt de l'expansion allemande. Le pays, en effet situé au cœur de l'Europe, est envahi en 1945 par les deux superpuissances : Berlin et la partie orientale par l'Armée rouge et la partie occidentale par les Américains. Dans l'affrontement, appelé guerre froide, que vont se livrer les deux grandes puissances victorieuses, États-Unis et URSS, l'Allemagne et Berlin occu­pent une place particulière : elles sont coupées en deux dès 1945 et jusqu'en 1990 et les deux armées s'y font directement face. Le cas alle­mand fournit donc un cadre pertinent pour étudier l'opposition entre les deux superpuissances. Dans un premier temps, jusqu'en

1955, l

'Allema­gne vaincue subit la partition de son territoire entre les deux blocs hostiles en formation. Dans un deuxième temps, de 1955 jusqu'en 1969, les deux Allemagnes constituent des vitrines : chaque bloc tente d'y démontrer la supériorité de son modèle idéologique. Enfin, dans un dernier temps, les deux Allemagnes débutent un processus de rapprochement qui aboutit à leur réunification en 1990.

[I. De 1945 à 1955 : un pays progressivement écar­telé entre les deux blocs]

L'Allemagne, vaincue et occupée par les armées alliées, subit logiquement les conséquences de l'opposition grandissante entre les deux grandes puis­sances construisant à l'échelle mondiale deux blocs hostiles.

[A. Un territoire divisé et administré par les armées alliées]

Lors de la conférence de Potsdam (juillet-août 1945), les Alliés décident du sort de l'Allemagne vaincue. Ils souhaitent empêcher l'Allemagne de nuire à nouveau en la démilitarisant et en la désindustrialisant. Il n'y a plus d'armée allemande, la défense est assurée par les Américains et les Soviétiques. L'Allemagne perd sa souveraineté, le pays est occupé par les quatre armées alliées (États-Unis, URSS, Royaume-Uni et France) qui l'administrent. Le territoire est partagé en quatre zones : les Soviétiques au nord-est, les Américains au sud, les Britanniques au nord-ouest et les Français dans la région rhénane frontalière. Berlin, située en zone sovié­tique, est néanmoins également partagée en quatre zones. Le rideau de fer évoqué par Churchill dès 1946 passe ainsi au cœur de l'Allemagne et sépare la zone occupée par les Soviétiques des trois autres zones. La zone soviétique, aux ordres de Staline, rejette le plan Marshall (1947), plan américain d'aide à la relance économique de l'Europe.


[B. Berlin au cœur de la mise en place d'un monde bipolaire]

Les Américains et leurs alliés pensant que la pauvreté jette de nombreux pays dans les bras du communisme (doctrine Truman) souhaitent redon­ner à l'Allemagne sa puissance économique d'avant-guerre, contrairement à ce qui avait été décidé à Potsdam. Ils programment la fusion de leur trois zones et la création du Deutsche Mark. En 1948, par mesure de
rétorsion, Staline tente de s'emparer des trois zones de Berlin-Ouest, iso­lées en zone soviétique. Il organise un blocus destiné à empêcher son ravi­taillement. C'est la première crise de Berlin. Le Président américain Truman réplique par la mise en place d'un pont aérien : le ravitaillement est assuré par avions basés dans les zones occidentales de l'Allemagne. Le
blocus échoue. Ainsi, en 1949, désormais ouvertement rivaux, les Etats-Unis et l'URSS décident la partition de l'Allemagne en deux Etats distincts : la RFA (République fédérale d'Allemagne) à l'ouest, correspondant aux zones alliées et à Berlin-Ouest,
et la RDA (République démocratique allemande) à l'est correspondant à la zone soviétique. Bonn devient la capitale de la RFA et Berlin-Est celle de la RDA. Les Américains et leurs alliés, conscients que leur solidarité a permis l'échec du blocus, créent en 1949 une alliance militaire, l'OTAN.
En 1955, la RFA entre dans l'OTAN alors que le bloc de l'Est forme à son tour une alliance militaire sous contrôle soviétique, le pacte de Varsovie, auquel adhère la RDA.

[II. De 1955 à 1969 : deux modèles idéologiques s'affrontent]


Alors que la séparation entre les deux Allemagnes est réalisée s'ouvre l'ère de la coexistence pacifique prônée par Khrouchtchev. Les deux blocs, bien qu'hostiles, doivent selon lui coexister pour éviter un conflit ouvert. Qu'en est-il de l'Allemagne dans ce contexte ?


[A. La RFA et Berlin-Ouest, avant-gardes de la civilisation occidentale aux frontières du monde communiste]

Le système politique et économique mis en place en RFA en 1949 est calqué sur le modèle américain. C'est une démocratie fédérale, les Länder disposent d'une grande autonomie. Les élections sont libres, le chef du gouvernement est le chancelier. Il n'est pas directement élu par les citoyens mais issu du parti majoritaire aux élections législatives. Ce mode de dési­gnation est repris de l'Allemagne d'avant-guerre. La RFA reconnaît le capi­talisme et l'économie de marché. À l'image des autres pays occidentaux, sa population accède à la société de consommation. La RFA participe aux prémices de la construction européenne avec la CECA et devient un des six membres fondateurs du Marché commun en 1957. Elle devient rapi­dement la première puissance économique de l'Europe. D'abord destinée à préserver la paix par une union économique très étroite, la construction européenne permet également à l'Europe occidentale et donc à la RFA de s'émanciper de la tutelle américaine.

[B. La RDA, vitrine du modèle socialiste]

Les institutions, l'organisation économique et sociale sont identiques au modèle soviétique. La RDA est une démocratie de façade : les communis­tes sont seuls au pouvoir dès 1949, le Parti est le seul autorisé et ses can­didats recueillent près de 100% des suffrages. Les dirigeants, comme E. Honecker, font l'objet d'un culte de la personnalité. La répression orchestrée par la police politique, la STASI, s'abat sur les opposants. L'éco­nomie est entièrement sous contrôle et planifiée : les moyens de produc­tion sont nationalisés, particulièrement dans les secteurs des transports, des banques, de l'industrie, de l'énergie ; les terres sont collectivisées. Dans la division socialiste du travail mise en place par le COMECON, la RDA occupe une place de premier ordre : elle est spécialisée tout d'abord dans l'industrie lourde puis dans l'industrie de biens de consommation (succès de la marque automobile Trabant). C'est un relatif succès puisqu'en 1970, la RDA est la cinquième puissance économique en Europe.

[C. La construction du mur de Berlin marque les limites de la réussite est-allemande]

Une grande différence de niveau de vie sépare les deux Allemagnes. Bien qu'elle soit le pays d'Europe de l'Est le plus développé économiquement, la RDA ne peut concurrencer sa rivale. Le confort de vie, l'équipement des ménages sont bien meilleurs en RFA. Ce retard économique apparaît comme un échec. De plus, la population a conscience d'être privée des libertés offertes aux Allemands de l'Ouest. Elle fuit donc massivement vers Berlin-Ouest et l'Europe occidentale (3 millions de personnes traversent le rideau de fer à Berlin entre 1945 et 1961). Khrouchtchev décide alors

la construction d'un mur dont les fondations sont érigées en une seule nuit d'août

1961. C

'est une frontière infranchissable entre les deux parties de la ville, nombreux sont morts en tentant de passer de l'autre côté. Lors de sa visite en 1963, Kennedy voit dans ce mur, nécessaire pour endiguer l'hémorragie de départs, le symbole universel de l'échec du modèle sovié­tique.

Chacune des deux Allemagnes a donc été utilisée comme un symbole dans la lutte entre les deux blocs, entre deux modèles idéologiques. C'est pour­quoi la coexistence pacifique tarde à s'y mettre en place.

[III. De 1969 à 1990 rapprochement et réunification]

[A. L'Ostpolitik]

L'Ostpolitik (politique de l'Est) est mise en place par W. Brandt, le chan­celier ouest-allemand. Il souhaite normaliser les relations avec la RDA, qu'il considère au même titre que la RFA comme une partie de la nation allemande. Il s'engage de la même façon avec les pays du bloc de l'Est où il effectue des visites, en Pologne notamment. Il signe avec la Pologne et l'URSS des traités de reconnaissance des frontières. Il se détache de la tutelle américaine en prenant de telles initiatives. Comme Khrouchtchev, s'il n'approuve pas l'idéologie adverse, il sait qu'il ne peut l'anéantir et préfère le dialogue. Il obtient pour son action le prix Nobel de la paix. En 1972, les deux Allemagnes se reconnaissent mutuellement, elles entrent à l'ONU l'année suivante.

[B. La chute du mur de Berlin et la réunification]

Avec la course aux armements initiée par la Président Reagan, les Améri­cains souhaitent anéantir le régime soviétique à bout de souffle économi­quement. M. Gorbatchev, premier secrétaire du PC soviétique choisit de se détacher du bloc en Europe de l'Est pour éviter l'effondrement de l'URSS. Dans son pays, il met en place une politique plus ouverte, la Peres­troïka, qui incite les sociétés de l'Est à demander plus de libertés pour elles aussi. À elle seule, la RDA ne peut empêcher les départs massifs vers l'Ouest. Les autorités annoncent le 9 novembre

1989 l

'ouverture du mur de Berlin. Le rideau de fer tombe définitivement à la fin de l'année 1989. La fin de la partition de l'Allemagne est donc extrêmement rapide alors qu'elle a perduré un demi-siècle. Le PC est-allemand organise des élections libres qui marquent son éviction. La réunification de l'Allemagne inter­vient en octobre 1990 avec le traité « 4+2 » signé entre les quatre puissan­ces occupantes, la RFA et la RDA. Elle symbolise au cœur de l'histoire allemande la fin de la bipolarisation d'une large partie de la planète entre les deux blocs. Berlin redevient capitale d'un État unifié.

[Conclusion]

La défaite de l'Allemagne face aux armées américaine et soviétique en 1945 et sa situation en Europe médiane la plongent au cœur de l'affrontement qui débute dès la signature de la paix. L'Allemagne subit les aléas des rela­tions entre les États-Unis et l'URSS. Elle constitue un enjeu crucial pour chacun des deux blocs : elle est dès 1948 le premier théâtre de leurs affron­tements interposés, le premier pays coupé en deux camps, chacun deve­nant le symbole de leur lutte idéologique. L'émancipation de la tutelle américaine en RFA permet une certaine normalisation des relations, mais c'est bien la chute inéluctable de l'URSS qui permet la réunification en 1990 après quarante-cinq ans de partition. Aujourd'hui, la joie des retrou­vailles passée, les deux populations mesurent les difficultés à s'unir et se comprendre tant l'imprégnation de deux modèles si contradictoires, de part et d'autre, a été forte.

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